Coq en stock

Ou comment un gallinacé prénommé Maurice est à la base d’une loi fondamentale de protection des ressentis.

 

Ce n’est pas l’histoire d’un Coq et d’une pendule mais Nougaro aurait trouvé là, à n’en pas douter, une source d’inspiration.

Un coq est en effet à l’origine de la loi qui vient d’être votée à l’Assemblée Nationale, deux ans après son dépôt, et dans l’indifférence la plus totale. Une loi sur la protection des ressentis de la nature.

Et c’est une formidable nouvelle !

Tout part donc d’un combat juridique… de coq entre une fermière de Saint-Pierre d’Oléron et son proche voisinage, la première étant propriétaire d’un gallinacé mâle prénommé Maurice (quoi de plus normal pour le coq résidant sur une île…) qui dérangeait les seconds par ses chants aussi gutturaux qu’extrêmement matinaux. À ce stade du récit ayons une pensée pour ledit « Maumau », figure locale et étendard d’une ruralité à défendre, décédé depuis et qui n’aura jamais connaissance de sa relaxe ni de la compensation de 1000 euros de dommages et intérêts qui lui fût attribué jeudi 5 septembre 2019…

Sa propriétaire, Madame Fesseau (non pas d’indices -nous ne sommes tout de même pas dans une affaire criminelle) s’exprima à la sortie du procès : « Je suis sans voix (sic), on leur a volé dans les plumes. C’est une victoire pour tous les gens dans la même situation que moi. J’espère que cela fera jurisprudence pour tous les autres bruits de la nature ».

Elle ne croyait pas si bien dire… Comment réglementer les dissonances créées par les oies, les cochons, les cigales, les grenouilles, les déjections d’abeilles, le son des cloches, l’odeur de fumier, les bruits du machinisme agricole -sujets de multiples plaintes devant les tribunaux ?

En d’autres termes, serait-il possible de protéger par une loi l’esthétisme de la campagne, cet atelier de création naturel, cette intelligence naturaliste qui nous rappelle à toutes et tous de belles émotions et multiples ressentis de notre enfance et du présent ?

Le député de la Lozère, Pierre Morel, a pris le sujet à son compte et proposé une loi pour défendre les lois de la campagne : « Si vous ouvrez la voie à des plaintes parce qu’on n’accepte plus la réalité d’un territoire, on va abîmer toutes les campagnes françaises et donc au même titre que ce qui existe pour l’UNESCO, avec une protection du patrimoine bâti, les croix, les églises, les châteaux, là on protégerait les odeurs et les bruits intrinsèques à la vie rurale ». « Vu la récurrence des dossiers, je me suis rendu compte qu’on a aujourd’hui un vrai problème de non-acceptation du voisin dans notre société », souligne encore le député qui estime que « si on continue comme ça, c’est toute la problématique de la vie en commun en milieu rural qui peut être mise en cause et notamment, les activités agricoles ».

L’idée n’est pas nouvelle. En mai 2020, Bruno Dionis du Séjour, le maire de Gajac, en Gironde, avait publié une lettre ouverte, adressée aux députés, dans laquelle il dénonçait la recrudescence de plaintes contre les « bruits de campagne » et réclamait que ces derniers soient inscrits au patrimoine national de l’Unesco.

Le 29 janvier 2021, la loi introduisant la notion de « patrimoine sensoriel » des campagnes françaises a été votée.

Intelligences Factory s’en réjouit !

À quand une loi analogue pour protéger les ressentis de l’humain face à aux algorithmes, datas, intelligence artificielle et autres connexions en tout genre ? Car Facebook, Instagram, Twitter, Linkedin – s’ils ont une utilité de circonstance – ne sont en aucun cas des véhicules de ressentis.

Il y a une différence majeure entre connexion et ressenti, et c’est du reste l’un des chapitres de mon prochain livre « les secrets de vos 10 intelligences pour redonner du sens à votre vie », que je vous invite à découvrir à partir du 18 février prochain !