Harry’s, un ami qui vous aide à voter bien… mais pas cette année !

Ou comment un vote pastiche au cœur de Paris prévoit régulièrement le résultat des élections américaines.

 

New York Bar, 5 rue Daunou, à deux pas de la place de l’Opéra de Paris.

Un néon jaune à l’extérieur signale que d’autres types de fluides vous attendent à l’intérieur, à tendance alcoolisée et ambrée comme les boiseries de ce temple américain du cocktail – le plus vieux d’Europe.

Si, à quelques rues de là, les gosiers s’époumonent sur des airs de Verdi, ici, on les humecte depuis 1920 grâce à des cocktails venus d’ailleurs. N’est-ce pas là que le Bloody Mary a vu le jour ? On y avale donc dans une ambiance chaleureuse de la dynamite, et pas uniquement, via les barres de saucisses moutardées de ses fameux hot dogs : « le pétrifiant » (célèbre cocktail interdit depuis quelques années car de mauvaises langues disaient qu’il rendait aveugle ou sourd, voire les deux) était un véritable rituel initiatique pour tout rugbyman qui se respecte.

J’adore le lieu, et ce depuis plus de trente ans. J’ai une pensée amicale pour Gilles, le serveur mythique, depuis peu retraité au Portugal après trente ans de bons et tord-boyaux services.

Comme un assassin revient toujours sur les lieux du crime, je m’y produis(-ais) deux fois par mois, armé de mon saxophone aux côtés de César Pastre, le « Eroll Gardner » de la Rive Droite.

Mais là n’est pas le plus important…

Parlons surtout du straw vote (vote de paille), ces 23 élections fictives que le Harry’s bar organise depuis 1923 pour chaque course à la présidence américaine, par l’installation d’une urne à l’entrée du lieu, ouverte aux votes des américains de passage (même l’ambassade américaine vient voter !) et gens de toutes nationalités. Résultat ? Le straw vote donne régulièrement le nom du futur vainqueur, à trois exceptions près : en 1976 quand Jimmy Carter l’a emporté, en 2004 avec George W Bush et en 2008 avec Trump.

Il n’y aura malheureusement, considérant le contexte sanitaire, pas de 24ème édition…

Pour s’en remettre, je vous propose deux cocktails :

Le « Trump » : un gros doigt de vodka, russe forcément (cf ingérence de la précédente élection), une énorme rasade de « fake news », et un bon doigt d’eau de javel (selon lui, ça guérirait de la Covid).

Le « Biden » : prendre un alcool au nom facile à prononcer pour un ex-bègue (on évite la Tsarskaya par exemple), ajouter un trait de cépage Delaware. L’ensemble au shaker, mais pas trop car avec Biden cela pourrait vite se transformer en catastrophe.