I’m singing in the sun

J’avais 17 ou 18 ans. Je me promenais dans Paris et, au détour d’une ruelle, j’étais tombé nez-à-nez avec un trio de jazz. Il y avait un saxophoniste alto, un contrebassiste et un batteur qui partageaient une joie visible d’être ensemble et de collecter quelques francs. Trois saltimbanques de prime abord.

Mais, et comme je le saurais plus tard, l’un était un chercheur du CNRS qui faute de crédit passait son temps à s’exercer à la batterie, le contrebassiste était ingénieur et le dernier était instituteur.

Je crois que c’est à ce moment que je comprenais que non seulement l’habit ne faisait pas le moine, qu’il fallait toujours se méfier des apparences et que nous pouvions disposer d’a minima deux aptitudes et non rester cloitrés dans une monoculture.

J’appliquerai bien plus tard cette idée de m’installer tous les 15 jours à la terrasse d’un café pour jouer et récolter quelques euros avec une mission bien définie auprès de mes enfants : partir avec 70 centimes d’euros (ils vérifiaient), mon saxophone ténor et…ramener de quoi manger.

Je gagnais en moyenne entre 30 et 35 euros et je revenais en vainqueur nourrir ma progéniture.

Un jour, l’un de mes clients, alors que j’étais entrepreneur dans les médias, m’avait vu et entrepris : « mais ça va si mal que ça dans votre société ?… ».

Comme quoi, cette culture du « ET » est bien mal acceptée.

En ce moment, je sors tous les soirs jouer pour le personnel soignant.

Les gens s’installent aux fenêtres, il y a une communion formidable et surtout personne ne vient compatir du style : « mais ça va si mal que ça votre activité de coaching ? »