Le « virus » de l’humour : du Zyklon B à la meilleure pizza de Paris

L’histoire, véridique, se déroule dans une pharmacie, située à Brienne le Château.

Son propriétaire est antillais et il s’affaire devant ses clients.

Arrive un délégué pharmaceutique qui patiente jusqu’à ce que vienne son tour :

– Qui représentez-vous ? Questionne abruptement le laborantin, pressé de chasser l’importun afin de se concentrer sur son chiffre d’affaires.

– Je vends des génériques. Je vous rappelle que nous avions rendez-vous.

– Bayer, Bayer,… Ce n’est pas eux qui ont produit le Zyklon B pendant la deuxième guerre mondiale ?

– Si bien sûr…

– Et vous croyez que je vais vous acheter des produits qui proviennent d’une société qui a contribué à la Shoa ? Vous pouvez les reprendre et aller voir ailleurs !

– Regardez ma carte de visite, fait calmement le représentant en la posant devant les yeux du pharmacien. Qu’est ce qui est écrit dessus ?

L’homme se saisit de la carte et lit à voix haute.

– « Philippe Goldberg, représentant… »

– Ça vous parle ? Enchaîne le délégué. Pour se disculper des dommages de guerre, Bayer a été obligé d’embaucher un quota de juifs comme moi.

– C’est pas vrai !? Fait, interloqué, le pharmacien.

Un silence pesant s’installe.

– …Bien sûr que ce n’est pas vrai !

– On peut passer la commande ! S’esclaffe le pharmacien, hilare.

La vente, précise Philippe Goldberg, lequel a été formé au Club Med, puis a exercé le métier de commercial chez Bayer avant d’être désormais patron d’une divine trattoria dans le 16ème arrondissement de Paris (‘Ma Goldo’, aux incroyables Pizzas et pâtes -livraison parfaitement organisée), c’est entre autres du culot et de l’humour.

Il m’en a fallu une bonne dose dans une précédente vie d’entrepreneur. Mes amis décrivaient mon métier de l’époque de la manière suivante, un sourire aux lèvres :

« En fait, si on comprend bien, tu gagnes de l’argent en vendant des choses qui ne t’appartiennent pas et surtout qui ne servent à rien ».

Ce n’était pas totalement faux : ma société rapportait beaucoup d’argent en louant des espaces verticaux visibles (murs, échafaudages) appartenant à des foncières ou des privés, pour les revendre au mois le mois ou à l’année à des annonceurs prestigieux afin d’y placer des grandes bâches publicitaires, lesquelles avaient un impact certain sur le public mais dont l’efficacité n’avait jamais été mesurée.

Mais, comme Philippe Goldberg, j’appliquais LA règle d’or du virus de la vente : nous ne vendons pas des produits, nous vendons des relations humaines. Le tout avec humour, la clé de voûte de l’intelligence relationnelle.

Et ce virus-là, j’espère qu’aucun vaccin ou hydroxychloroquine ne viendront le contrecarrer…