L’intuition de Jackie Kennedy

Il est 10 h 45. Le ciel est au grand bleu, la température estivale. L’hélicoptère Sikorsky S-70 de Marine One décolle de l’esplanade gazonnée. Direction la base aérienne d’Andrews Air Force One. Quelques membres du personnel au sol font un salut de la main en se protégeant des projections des pales.

Dans la carlingue, l’homme à la chevelure châtain, la quarantaine avancée, décontracté et élégant dans un costume gris clair, se penche vers sa femme et hurle pour se faire entendre : « Tu as finalement choisi le tailleur Chanel rose ? »

Elle se penche à son tour. Il peut sentir les effluves du parfum Joy. « Oui, crie-t-elle. Cela fait déjà six fois de suite que je porte mon manteau léopard. Et puis, ils annoncent un temps splendide au Texas. »

Il se recule. Son regard vagabonde à travers le hublot. Il repense à l’étonnante question qu’elle lui a posée la veille, avant de se coucher : « Et si quelqu’un s’avisait demain de te tirer dessus ? » Il s’en était à peine offusqué et avait seulement répondu : « Si quelqu’un veut tirer sur moi à partir d’une fenêtre, comment veux-tu que nous l’en empêchions ? Alors, pourquoi se faire du souci ? »

L’homme succombera peu après l’atterrissage, à 20 h 30, heure française, le 22 novembre 1963. Sa femme tentera tout son possible pour le ramener à la vie.

Il avait refusé l’habituelle voiture blindée et opté pour une Lincoln décapotable. Il s’appelait John Fitzgerald Kennedy.