Volonté et self control, acte 1

Les fêtes de fin d’année sont très souvent LE moment choisi pour prendre de bonnes résolutions pour l’année suivante (que vous ne tiendrez vraisemblablement pas !). Pourquoi ? Réponses en deux actes.

 

Acte 1 : Comment fonctionnent votre volonté et votre self control ?

Acte 2 : Comment organiser son planning décisionnel en fonction d’un carburant méconnu : le glucose ?

Comment fonctionnent votre volonté et votre self-control ?

Voici le parcours d’un sportif que nous appellerons Frédéric :
Meilleur joueur de hockey (glace ou gazon ??) de sa génération, Frédéric suit une voie toute tracée – par son père, qui implique des sacrifices énormes : vie de famille, petites copines, école, cadre strict permanent (taille du terrain, respect des règles, arbitre) et… alimentation.

Une fois sa carrière de sportif achevée, le voici perdu : le monde extérieur – dont il ne connaît pas les règles, est moins cadré, les horaires sont variables, son alimentation fluctue au gré de ses humeurs… Sans autre modèle que celui vécu jusqu’à présent, Frédéric se met à boire pour s’oublier et c’est ainsi que sa vie bascule dans la narcotisation*.

Rapidement conscient de son addiction, de sa perte de moral et de sa tendance à ne rien faire, Frédéric se décide à demander de l’aide. C’est alors que je le rencontre. Ses premières remarques tournent autour de son absence de volonté et de maîtrise de soi. Comment l’explique-t-il ? Il ne sait répondre – et pour cause, la question est si difficile… Or, ce qu’ignore Frédéric, mais ce que de nombreuses études scientifiques ont démontré, c’est que la volonté n’est pas un concept abstrait mais bien un muscle qu’il nous faut nourrir et fortifier. A l’instar de notre cœur, notre cerveau et nos autres muscles, l’autocontrôle utilise le glucose. C’est cette source d’énergie produite par notre organisme, ce sucre, que va consommer notre volonté pour nous donner la force de persévérer, d’accepter les règles, de dominer notre agressivité, de réfréner nos mauvais penchants.

Mais nous ne disposons pas d’un stock constant de glucose. Le stress, comme le système immunitaire, en sont voraces, (en conséquence, lorsque nous sommes malades, sans énergie, nous dormons plus). Le glucose se convertit aussi en neurotransmetteurs, des molécules utilisées par le cerveau pour envoyer des signaux, notamment quand notre quantité de volonté s’est épuisée au cours du temps. Vous en avez moins quelques heures après vous être alimenté et il faut alors se recharger en glucides. Il est bien question d’un « manque » de volonté.

Fort de cette information, Frédéric prend conscience que lorsqu’il était champion, il s’alimentait avec la régularité d’un métronome : petit déjeuner conséquent au réveil, collation à 10 h 30, déjeuner, collation vers 16 heures – après une sieste, puis dîner. Maintenant qu’il ne suit plus ce rythme, qu’il n’est plus alimenté de glucose en continu, il n’a plus de… volonté. Pire, avec l’alcool, il compense avec une autre forme de sucre, bien plus nocive. L’imagerie médicale montre en effet qu’une faible dose d’alcool a tendance à faire diminuer le taux de sucre dans le sang, donc son apport au cerveau.

Sa vie a immédiatement changé lorsque Frédéric s’est remis à s’alimenter régulièrement.

La quantité de volonté et de maîtrise dont nous disposons est donc limitée et s’amenuise au fur et à mesure de l’utilisation que nous en faisons. Toute tâche exigeant une maîtrise de soi intense et prolongée sollicite énormément le cerveau et puise avidement dans nos stocks de glucose. Cela engendre une baisse des capacités cognitives et, comme la personne n’en n’est pas forcément consciente, les conséquences peuvent être très fâcheuses (il est fort regrettable d’ailleurs que ces découvertes ne soient pas mises en application dans l’univers de l’entreprise). Dans le milieu sportif, on applique depuis longtemps ces connaissances en termes d’alimentation (un champion comme Nadal, par exemple, se nourrit sainement et régulièrement hors et sur le court).

Nous puisons donc dans le même « stock », il n’y a pas de « réserves » différentes en fonction d’une action ou une autre, et nous commençons chaque journée frais et dispos, avec de bonnes réserves, dès notre petit déjeuner. Ces réserves baissent au fur et à mesure de la journée, et lorsque le stock diminue, nous n’en n’avons pas intuitivement conscience. Il convient donc de détecter les symptômes de ce manque de volonté : énervement, frénésie, décisions difficiles à prendre, envie d’envoyer tout balader, frustration, résistance difficile aux impulsions, jugements partiaux, etc.

A l’inverse, au moment des fêtes de fin d’année, le corps empli de « bon gras et sucre » (Foie gras, chocolats, vin et spiritueux, bûches, galettes…), et donc de volonté, nous faisons des listes de bonnes et trop nombreuses résolutions…que nous ne tiendrons pas, avec pour conséquence d’affecter notre confiance en nous.

Rendez-vous prochainement à l’acte 2 pour la suite des réponses…

* Collectionner, rêver, pêcher, passer son temps devant un écran, manger… il existe de multiples formes de narcotisation, dès lors que l’action est répétitive pour ne plus avoir à s’occuper de soi-même.