Intelligence relationnelle et intelligence qui suis-je ?

Deux intelligences sont principalement utilisées par le coach et le coaché :

  • l’intelligence relationnelle (pour une relation de qualité, faite d’échanges), et
  • l’intelligence « qui suis-je » qui permet ici de poursuivre son chemin intérieur.

Les autres formes d’intelligence multiple sont évidemment sollicitées pour aller plus loin dans l’exploration de la complexité de être humain, de son substrat plus large – esprit-corps-environnement – pour libérer les signes intuitifs et maîtriser les émotions, au nom d’un héritage « sensible » découlant de millions d’années d’évolution. Le cerveau est en interaction permanente avec le corps.

Pourquoi vient-on voir un coach ?

Quand on vient voir un coach, c’est, en général, pour « réussir », dans un monde où la mesure de la réussite est devenue le facteur clé pour définir la valeur d’un individu. Le coaching est alors perçu comme une sorte de voyage qui nous permet d’espérer être « le » meilleur. Pourtant, se mesurer à d’autres n’a aucun sens. Et les classements n’ont aucun sens. Chaque individu est sa propre énergie incommensurable qui manifeste par degrés ses possibilités illimitées.

D’autres ont besoin d’un soutien pour « se renforcer sur ce chemin au lieu d’aller chercher des périphériques », comme le dit joliment Henri Dumont, le coach qui avait, en trois ans, accompagné Cédric Pioline d’un niveau première série, au rang de dixième mondial. Je le rejoins quand il ajoute : « Le coaching c’est l’échange entre deux cerveaux présents et en oubliant tout le reste. Coacher, c’est se poser la question des mécanismes de la performance chez le joueur, le coaché, et étudier comment créer les conditions de l’émergence des compétences en s’appuyant sur la confiance, la conscience et le choix. C’est presque chirurgical… »

Le coaching est d’abord affaire de corrélation, c’est-à-dire de relation entre deux notions, deux faits qui ne peuvent être pensés l’un sans l’autre, qui sont liés par une dépendance nécessaire. Entre deux individualités, celles du coach et du coaché.

L’effet de miroir

L’écoute privilégiée du coach a un effet de miroir. Elle aide à prendre conscience, donc à commencer le chemin. Elle guide l’introspection à travers des questions simples, que chacun peut d’ailleurs se poser indépendamment d’un coach : « Raconte-moi ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu aimes… »

Mais, au-delà de son effet de miroir, le coach met ses intelligences « en radar » dans l’objectif de détecter les dissonances sur lesquelles le coaché peut s’appuyer, et à travers lesquelles il verra la faille dans la gangue du coaché, la fêlure qui servira de point d’accès à l’eau cristalline où bouillonnent nos infinies possibilités et où réside la pépite qui est en chacun. Il a, en effet, la perception aiguisée du mot, de l’attitude indiquant que l’on a touché un point à approfondir.

Ma recherche de la dissonance passe souvent par un travail sur la remémoration des victoires et des réussites du coaché. Attention, il ne s’agit pas d’explorer le passé (c’est le travail de la psychanalyse), ni de deviner le futur (laissons cela à l’astrologie), ni non plus de vouloir tout comprendre, tout rationaliser. Mais de se servir de ces éléments pour pénétrer dans la sphère de nos intelligences et répondre à une partie des milliards de questions qui s’y bousculent en permanence.

Ainsi, le coaché peut se reconnecter à son animalité et se retrouver « dégagé » des interrogations permanentes, inconscientes, des habitudes et des schémas qui viennent le perturber dans la prise de la bonne décision stratégique, et qui l’empêchent d’avoir l’intuition du geste à accomplir ou de la parole à dire au bon moment, pour débloquer une situation et lui ouvrir de nouvelles perspectives. Car, et ne nous trompons pas, nous vivrons toute notre vie avec nos blessures. Le coaching ne consiste pas à les éliminer, mais tout simplement à apprendre à les accueillir et à vivre avec. Toute autre promesse ne serait pour moi que mensonge et manipulation.

J’utilise volontiers, dans mon activité de coaching, la notion de corrélation. Elle consiste à accepter le fait que tout n’est pas qu’en nous, mais que tout est aussi autour de nous. Par la corrélation, le coaching peut marier le sensible et l’intelligible, le sensible et le spirituel, loin des clivages actuels. Il permet de faire évoluer notre compréhension restreinte de la cognition qui la limite aux activités mentales de haut niveau (le langage, le raisonnement), c’est-à-dire des activités « froides » excluant les traitements perceptifs. En s’ouvrant à la corrélation, le cognitif peut englober à la fois le monde extérieur (perception, plan d’action) et le monde intérieur (verbal, pensée, non verbal, sonore, spatiale, imaginaire) dont les émotions font partie. Car le raisonnement et la prise de décision ne peuvent se réaliser sans elles…

J’ai moi-même coaché un jeune étudiant qui préparait le concours d’entrée à HEC. Stressé, il vivait l’œil rivé à sa montre et dépensait des sommes énormes en livres qui lui expliquaient comment réviser ses examens. Il était brillant, mais l’excès de stress avait étouffé ses capacités. Il voulait réussir, je lui ai demandé de respirer en profondeur, debout, pendant dix minutes, avant d’entamer un dialogue. J’ai détecté chez lui une intelligence du son sur laquelle il n’avait jamais songé à s’appuyer. En jouant un morceau de musique, il libérait ses émotions. Par la corrélation, je l’ai aidé à faire émerger ses points forts, ceux qu’il négligeait parce qu’ils n’appartenaient pas à la seule intelligence qu’on lui avait appris à connaître, celle des mathématiques. Au fil des séances, j’ai vite découvert qu’il ne se contentait pas d’apprécier la musique : il m’était évident qu’elle l’habitait, elle n’était pas pour lui un simple passe-temps. Il avait une aptitude à développer ! En le poussant à s’appuyer sur l’intelligence des sons, qui était pour lui un pivot mais qu’il négligeait, en la reliant aux autres formes d’intelligence qu’il possédait naturellement, il a réussi à calmer cette espèce de nuage inconscient qui venait le perturber et avait fini par le paralyser. Il a repris confiance en lui, découvert qu’il avait une excellente mémoire à laquelle il n’osait pas se fier. Il s’est épanoui… et a intégré HEC.