Pourquoi « prête-t-on notre attention » alors que les anglo-saxons la font payer ?

Ou comment accorder son attention à l’autre.

 

En termes de probabilité, notre présence ici, sur terre – malgré les nombreuses guerres, les maladies, les pandémies comme la Covid-19 ou les désastres écologiques, est déjà exceptionnelle.

Cela nous donne une valeur inestimable…

En coaching, j’utilise souvent l’image suivante : « Avez-vous déjà vu un sac Dior ou Gucci crier derrière la vitrine : « Venez m’acheter ! » ? ».

Vous êtes toutes et tous des sacs Dior ou Gucci ! Des produits de luxe, uniques, à forte valeur ajoutée… avec des petits défauts, certes, mais qu’il faut savoir accueillir. Pour vous mériter, il faut vous conquérir, « entrer dans le magasin », vous contempler sous toutes les coutures, vous peser, vous humer, vous admirer…

L’attention à vous-même et aux autres a donc un prix puisque vous avez une valeur immense.

Si les études récentes sur le cerveau indiquent qu’il existe un mode « lâcher-prise », en roue libre, grâce auquel les idées et les pensées s’entrelacent avec fluidité, dans une forme de rêve éveillé, il existe à l’inverse un mode « concentration de tâche » qui occupe plusieurs parties du cerveau, et qui demande beaucoup d’efforts énergétiques pour favoriser les connexions. C’est pourquoi « prêter attention » a un prix. Quand l’un est activé, l’autre ne l’est pas.

Notez qu’en français, nous « prêtons » notre attention alors que les Anglo-Saxons « pay » attention : une différence sémantique de taille qui indique, au sens actuel du terme, que le Français attend un retour (un prêté pour un rendu) mais qu’il existe une dimension humaine dans le principe de l’attention, un échange, là où l’Anglais monnaie son attention, comme si c’était une valeur marchande… Il n’est pas étonnant qu’ils aient été à l’origine de nombreux business model sur le sujet (Facebook, LinkedIn ou Twitter) !

Le plus juste serait de dire « je vous accorde toute mon attention » et d’être ainsi pleinement dans l’écoute, quel que soit le discours de l’autre. S’accorder, c’est la clé de l’échange bienveillant, sans aucune réciprocité de fait : si on s’accorde avec soi-même, on peut s’accorder avec n’importe qui. Il faut être disponible à l’autre comme on l’est envers soi. La qualité de présence doit être inconditionnelle.

Plus globalement, si vous êtes dans votre justesse, si vous vous aimez, si vous avez développé certaines de vos 10 intelligences, si vous comprenez que vous avez de la valeur, alors votre présence, votre écoute, vos réponses en auront tout autant.