Sexualité & Covid. Acte 2

Qu’en est-il de l’acte sexuel et de la pandémie ?

Nous avons avancé quelques explications, lors du post précédent, pour justifier la diminution de la libido. Cela était sans compter l’influence des fake news qui disaient que le virus se propageait par le sperme, la salive, les sécrétions vaginales… Certains prônaient de faire l’amour avec un masque lorsque certains pays conseillaient la position levrette(!) et que d’autres déconseillaient l’anulingus (un repère de la variation du virus s’appuie sur l’analyse des eaux usées…). La masturbation, quant à elle, a connu des variations, plutôt à la baisse.

30% des couples ont baissé leur pratique sexuelle pendant le confinement tandis que 30% des célibataires l’ont augmentée. Certains gouvernements l’ont favorisée, tout comme les directives de l’OMS. Le département de santé publique de New York (NYCDOH) publiait par exemple le manifeste suivant : « vous êtes votre partenaire sexuel le plus sûr. La masturbation ne propage pas la Covid, surtout si vous vous lavez les mains et le sexe avant et après pendant 4mn » (J’imagine que cela doit brûler avec du gel hydro alcoolique, non ?).

Selon une étude, sur 868 britanniques, on a constaté une baisse de 48% d’activité sexuelle. Une recherche américaine indique, quant à elle, une baisse de 43,5% des activités sexuelles, 42,8% des activités identiques à la normale et 13,6% estiment qu’elles se sont améliorées.

Une étude italienne publiée dans le Journal of Sexual Medicine souligne la baisse de la fonction sexuelle chez les femmes en âge de procréer, avec une diminution de 6 rapports à 2 par mois. Sur ce dernier point il faut prendre bien sûr en compte une peur du futur. Mais comment de pas être atterré de voir l’influence de certains gouvernements sur la question : 11 états aux Etats-Unis considéraient l’avortement (pourtant légal) comme soins… non essentiels !

Enfin, une étude polonaise de l’International Journal of Environmental Research and Public Health révèle que 15,3% des femmes avaient un dysfonctionnement sexuel avant pandémie, lequel est passé à 34,3% pendant les confinements. Les raisons évoquées sont l’isolement pour 41,5%, le manque de désir dû au stress pour 39,3%, les malentendus avec le partenaire (16%) et peur de la transmission (3,2%).

Les gens en ont-ils profité pour réinventer leur sexualité ? Selon l’institut Kinsey, 15,6% ont testé une nouvelle position sexuelle, 13% auraient partagé un fantasme et 4,6% se seraient essayés au BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadisme et Masochisme). « C’est dans la norme de ce que nous constations avant la pandémie », précise Brigitte Lahaie. Pas de révolution donc.

Le recours à des sites de rencontre aurait baissé de 42 à 27%, quand la messagerie et les « conversations » en ligne seraient passées de 89 à 94%. Ce dernier point indique qu’en fait, la « cyber sexualité » n’a pas vu ses chiffres exploser, loin de là. Chez les couples mariés, il y aurait eu une baisse de 30% de la consommation de films porno, et seulement une augmentation de 10% chez les célibataires (70% contre 60% habituellement). Les commandes de sex toys ont été notables, surtout pendant le 1er confinement mais loin des chiffres que nous aurions pu imaginer en pareille circonstance.

Globalement, 87% des célibataires n’ont pas eu de rapports sexuels lors du premier confinement. Selon l’IFOP, pour 35% d’entre eux, la peur du virus les a contraints à « ne pas faire l’amour avec quelqu’un qui pourtant leur plaisait », surtout chez les homosexuels. J’y vois le reflet d’une population qui a beaucoup souffert du HIV et qui en a probablement retenu les leçons, même si Covid et HIV ne sont pas comparables : beaucoup de gens ne se sentaient pas concernés à l’époque du HIV, perçu par beaucoup comme une punition divine d’une minorité alors que la Covid loge tout le monde à la même enseigne.

Puis il y a l’effet du « Covid Long ». De nombreuses personnes qui ont été atteintes par le virus continuent de ressentir des problèmes cardio-vasculaires, des irritations cutanées, de la fatigue, des difficultés à respirer, voire des symptômes qui durent dans le temps et ne favorisent pas la pratique sexuelle, sans compter l’absence de goût et d’odorat.

Prochain et dernier volet : il y aura-t-il une autre forme de sexualité post-Covid ?